Vulgarisation agricole élargissons le débat !
Date Issued
1994Language
frType
News ItemAccessibility
Limited AccessMetadata
Show full item recordCitation
CTA. 1994. Vulgarisation agricole élargissons le débat !. Spore 51. CTA, Wageningen, The Netherlands.
Permanent link to cite or share this item: https://hdl.handle.net/10568/60530
Abstract/Description
La vulgarisation agricole qui part des organismes de recherche scientifique pour aller vers les agriculteurs n'est plus de mise. Aujourd'hui, il s'agit davantage d'écouter les producteurs agricoles pour permettre l'émergence de leurs innovations,...
Notes
La vulgarisation agricole qui part des organismes de recherche scientifique pour aller vers les agriculteurs n'est plus de mise. Aujourd'hui, il s'agit davantage d'écouter les producteurs agricoles pour permettre l'émergence de leurs innovations, de les accompagner, bref, de tenir compte de leur souplesse et de leur capacité d'adaptation.
L’approche classique de la vulgarisation néglige souvent le savoir des agriculteurs et les capacités novatrices dont ils font preuve en tant qu'expérimentateurs et chercheurs dans leurs propres systèmes d'exploitation. Trop longtemps centralisés, les organismes de recherche et de développement tenaient insuffisamment compte des conditions agronomiques, sociales et économiques des systèmes de cultures, aussi diverses que les régions qui les abritent. C'est ainsi que les techniques mises au point dans ces centres peuvent souffrir d'un manque d'adaptation aux conditions locales. On a, par exemple, souvent mis l'accent sur les cultures de rente, aux dépens de la sécurité alimentaire. Par ailleurs, le rôle essentiel que jouent les femmes dans la production alimentaire a souvent été négligé.
Pour aborder ces questions, le CTA a organisé un atelier à Yaoundé, Cameroun, du 24 au 28 janvier 1994, en collaboration avec la CEEAC (Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale), l'Université Agricole de Wageningen et le ministère camerounais de l'Agriculture. Quatre-vingts participants, venus de seize pays africains, de six pays européens, délégués de plusieurs organisations internationales et régionales, gouvernementales ou non gouvernementales, ont ainsi pu débattre de l'évolution actuelle du rôle de la vulgarisation agricole.
Ces participants ont reconnu que la recherche fondamentale reste la mission première des organismes de recherche centralisés. Mais, à l'avenir, la vulgarisation devra être davantage orientée vers le fonctionnement des «systèmes» de connaissances mis en place par les agriculteurs eux-mêmes.
Les acteurs -de l'innovation
Comment identifier ces systèmes et en faire bon usage ? Le Département des études de communication et d'innovation de l'Université Agronomique de Wageningen, aux Pays-Bas, a élaboré une méthode basée sur les systèmes de connaissances et d'informations agricoles AKIS (Réseau de connaissances et d'informations agricoles). Cette méthode et son outil d'application RAAKS (Evaluation rapide des systèmes de connaissances agricoles) ont fait l'objet d'une présentation détaillée au cours de cet atelier. La méthode consiste à repérer les nombreux acteurs, individus ou organismes, qui oeuvrent (ou devraient oeuvrer) ensemble pour stimuler et consolider les innovations. Ces acteurs, suivant les situations, peuvent être des agriculteurs, des commerçants, des agents chargés de la vulgarisation, des chercheurs, des organisations d'agriculteurs, des entreprises de transformation des produits, des organismes de crédit, etc. Ces divers acteurs sont pris en compte quand ils ont un rôle dans la création des conditions d'une innovation durable. Le nombre des acteurs oeuvrant dans le système de connaissances considéré n'est donc jamais fixe.
Mieux coordonner leurs activités
Les acteurs étant définis, il est alors possible d'évaluer quels liens peuvent se tisser entre les uns et les autres. L'objectif est de créer un système présentant des synergies et débouchant sur l'innovation. Il faut intégrer les activités des différents partenaires, montrer leur interdépendance et les coordonner. Le système AKIS permet de mettre en lumière des relations qui ne s'établissent pas toujours d'emblée; il permet également d'identifier l'absence de relations, pourtant nécessaires, entre les différents organismes.
Trop souvent, les acteurs pourraient contribuer à l'innovation mais ils ne le font pas car ils sont préoccupés par des problèmes administratifs ou bureaucratiques, ou parce qu'ils ne se comprennent pas les uns les autres. Le fait d'identifier les acteurs et les relations qu'ils entretiennent ou qu'ils pourraient entretenir donne une nouvelle vision des situations. Des dysfonctionnements inattendus en termes de communication entre les différents acteurs, par exemple, apparaissent parfois et l'on peut envisager des mesures pour améliorer leurs relations.
La participation active de tous les acteurs concernés est une condition essentielle au succès de la vulgarisation agricole. Les agriculteurs, femmes et hommes, doivent être reconnus comme sources de connaissances et d'informations pertinentes. Pour beaucoup, le terme «vulgarisation agricole» signifie encore uniquement le travail des techniciens de l'administration dans les villages. Or, la vulgarisation peut également concerner les actions de communication nécessaires au développement agricole. Elle ne doit donc plus se cantonner dans de simples interventions ou dans la seule transmission de messages techniques. Elle doit au contraire se positionner clairement dans un rôle de médiation, pour faciliter le travail et l'apprentissage en commun.
Cette perspective pourrait donner un nouvel éclairage : blocages et conflits qui naissent au sein des systèmes d'informations agricoles seraient ainsi évités et ouvriraient la voie à de nouvelles solutions.
Organizations Affiliated to the Authors
Technical Centre for Agricultural and Rural CooperationCollections
- CTA Spore (French) [3719]