Remplacez-les !
Citation
CTA. 2002. Remplacez-les !. Spore, Spore 98. CTA, Wageningen, The Netherlands
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Abstract/Description
Les mauvaises herbes ne se laissent pas faire. Malgré les nombreux désherbages, elles reviennent, détruisent vos récoltes et empêchent vos cultures de se développer. Si nous comprenions mieux pourquoi les mauvaises herbes poussent et...
Notes
Les mauvaises herbes ne se laissent pas faire. Malgré les nombreux désherbages, elles reviennent, détruisent vos récoltes et empêchent vos cultures de se développer. Si nous comprenions mieux pourquoi les mauvaises herbes poussent et repoussent, nous pourrions améliorer nos méthodes de lutte au lieu d’essayer de les éradiquer. Si nous n’en voulons plus, nous devons les devancer.
Malgré leurs noms poétiques comme ' trompette du jugement dernier ' ou ' panic pied de coq ' les mauvaises herbes créent plus de dégâts que les insectes, bactéries ou virus. Elles causent des pertes considérables dans l’agriculture, particulièrement dans les régions tropicales où elles détruisent un quart des récoltes. La lutte demande énormément de temps et d’énergie. Le désherbage à la main ou à la houe — généralement confié aux femmes et aux enfants — est une des tâches agricoles les plus longues.
Mais qu’est-ce qu’une mauvaise herbe ? Deux tiges de maïs dans un champ de tomates peuvent être considérées comme de mauvaises herbes. Mais les véritables mauvaises herbes sont des plantes indésirables parce qu’elles nuisent aux cultures ou parce qu’elles volent à celles-ci nutriments, eau et ensoleillement. Beaucoup d’agriculteurs font donc la distinction entre les mauvaises herbes utiles et nuisibles.
' mauvaises herbes utiles ' — étrange expression — sont celles utilisées dans la pharmacopée, comme fourrage pour les animaux ou comme aromates pour la cuisine. Elles peuvent aussi éloigner la vermine des cultures, fixer les nitrogènes dans le sol ou protéger celui-ci contre l’érosion. Tant qu’elles ne sont pas trop en compétition avec les cultures, on les laisse pousser pour l’effet qu’elles produisent. Une autre approche, le désherbage partiel, consiste à enlever les mauvaises herbes nuisibles, toxiques et inutiles — même pour le compost ou comme c Photo P.Cenini arburant. Dans les petites exploitations, les mauvaises herbes sont traitées de façon différente que dans les grandes exploitations commerciales où toute plante autre que la culture commerciale est appelée mauvaise herbe, qu’elle soit utile ou non.
Les mauvaises herbes poussent vite
Environ 8 000 plantes à travers le monde sont considérées comme de véritables mauvaises herbes et, parmi celles-ci, près de 250 sont considérées comme les plus nuisibles au monde.
Evidemment, vous ne les trouverez pas toutes dans votre champ. Après tout, une mauvaise herbe peut être nuisible ou hostile à une autre et, comme toutes les plantes, elle a ses préférences en matière de température, de sol, de fertilité et d’humidité. Il n’est donc pas étonnant que les mauvaises herbes poussent au milieu ou autour des plantes qui partagent leurs préférences.
Les mauvaises herbes ont aussi des points communs. Un vieux dicton paysan explique comment reconnaître une mauvaise herbe : ' Si vous voyez quoi que ce soit pousser, arrachez-le. Si ça repousse, c’était une mauvaise herbe. ' Une de leurs caractéristiques principales : elles poussent et se propagent rapidement. ' Les douces fleurs sont lentes et les mauvaises herbes se hâtent ', écrivait Shakespeare. Les mauvaises herbes annuelles produisent de grandes quantités de semences qui peuvent retenir leur pouvoir de germination pendant des années. Par exemple, l’Amaranthus spp. produit plus de 235 000 graines par cycle végétatif et est considérée comme nocive par beaucoup d’agriculteurs, alors qu’elle est une nourriture de base depuis 4 000 ans en Amérique centrale. Les mauvaises herbes pérennes se propagent par voie végétative — à travers les rhizomes, les tubercules, les tiges ou en ' courant ' à la surface du sol. Un autre point commun des mauvaises herbes, c’est leur raison d’exister et de pousser si rapidement sur des grandes surfaces de terres stériles. Lorsque nous nettoyons la végétation d’origine, labourons le sol et cultivons une plante pérenne ou annuelle, nous défions le cours écologique de la nature. Nous bloquons donc le processus naturel de renouvellement de la plante qui vise en réalité à modifier l’environnement pour un retour vers son état initial de forêt. Les mauvaises herbes sont des plantes pionnières et elles se développent sur des sols peu fertiles et à faible diversité végétale. Dans ce sens, les mauvaises herbes nous disent aussi que les choses sont loin d’être claires dans le sol. Pour les cultivateurs itinérants, la multiplication des mauvaises herbes a toujours été le signal du départ vers d’autres terres.
Un peu de tout
Pendant des décennies, on a pensé que l’agriculture ' moderne ' parviendrait à augmenter la production grâce à une combinaison de mécanisation, de monoculture, de variétés améliorées, d’application de produits agrochimiques et — bien sûr — de lutte acharnée contre les mauvaises herbes. L’utilisation des herbicides était considérée comme bien plus facile et économique que l’élimination manuelle ou mécanique. Avec le temps, cependant, la résistance aux herbicides a augmenté, tout comme la sensibilisation aux aspects environnementaux et sanitaires de l’utilisation des produits agrochimiques. Pendant ce temps, les mauvaises herbes gagnaient du terrain, au sens propre. Chaque année, plus on appliquait d’herbicides, plus on enregistrait de pertes de récolte liées aux mauvaises herbes.
Au fond, la gestion des mauvaises herbes s’articule autour de cinq séries de mesures. L’utilisation des produits chimiques en est une. Les herbicides ont l’inconvénient majeur d’être coûteux, en plus de leurs autres contraintes. L’application de fertilisants est une autre façon — également coûteuse — de gérer chimiquement les mauvaises herbes, en améliorant la fertilité des sols.
Les mesures biologiques sont une deuxième piste de maîtrise des mauvaises herbes. La pratique des cultures intercalaires, du paillage, l’agroforesterie ou la culture de plantes de couverture en sont des exemples (voir encadrés).
Une troisième solution passe par la modification génétique des plantes par l’utilisation des techniques traditionnelles de reproduction ou du génie génétique pour améliorer la résistance des plantes et leur tolérance aux mauvaises herbes.
Les moyens les plus connus pour lutter contre les mauvaises herbes sont des techniques culturales comme le simple désherbage et les techniques de labour. Les brûlis et les labourages du sol créent un environnement idéal, ou — appelons un chat un chat — un désert écologique, favorisant l’apparition des mauvaises herbes et le démarrage de leur première phase de succession.
Et la cinquième voie ? Comme beaucoup de choses dans la vie, c’est une combinaison d’approches qui peut donner les meilleurs résultats. Une bonne terre cultivée est le reflet d’un écosystème naturellement sain, où la fertilité des sols est maintenue et la diversité végétale imite la nature. Il n’y a donc pas de raison pour que des mauvaises herbes nocives apparaissent en grand nombre. Quand on veut, on peut. Si on le veut vraiment, les mauvaises herbes ne repoussent pas.
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Un coup de main des voisins, c’est bien, mais mieux vaut prévenir que guérir.
Subjects
AGRICULTURE EN GÉNÉRAL;Collections
- CTA Spore (French) [4636]